La question de la spécificité de la psychanalyse parmi les autres professions ‘psy’ est souvent abordée.
La psychanalyse est une méthode d’investigation du psychisme en vue de l’activation d’un processus d’auto-guérison. Elle a un regard unique car son champ d’observation est le monde de l’inconscient, sous-jacent au dit apparent. Elle met en oeuvre un protocole spécifique, partant du savoir du sujet et de sa parole historique et subjective.
Son point de vue et son mode d’action particuliers n’en font pourtant pas une science « à part », bien au contraire. Elle alimente, par la richesse de son apport, la connaissance de notre monde d’aujourd’hui, en complément des autres modes de savoir, et en corrélation avec l’évolution des idées et de la société.
Étant axée sur la parole du sujet, elle est en contact direct avec les évolutions psychologiques, s’adapte aux socio-pathologies de son temps, innove dans ses pratiques et ses concepts, par le biais d’échanges professionnels, de publications, d’argumentations et de liens avec des professionnels d’autres obédiences.
Elle est une thérapie, bien entendu. Elle est une science humaine issue des découvertes de Freud sur l’existence et le contenu des pulsions inconscientes et sur la façon dont chacun se construit et a négocié entre ses exigences pulsionnelles et ses nécessités adaptatives.
En psychanalyse le postulat de base est que l’on ne s’attaque pas aux symptômes et aux troubles du comportement directement. Le sujet est considéré comme acteur et non victime de sa vie. La ‘névrose’ n’est pas à guérir de l’extérieur, elle est abordée en tant que langage ou signifiant, que l’on peut décrypter. C’est dans cette compréhension intime du sujet vis-à-vis de lui-même, dans le secret de son dialogue transférentiel et réparateur avec le psychanalyste que la cessation de la répétition des symptômes et l’apaisement des angoisses pourront avoir lieu.
Depuis les années 80, plusieurs courants psychanalytiques sont apparus, innovant et apportant une ouverture et une souplesse issues de la pratique clinique. Les ponts se font nombreux et depuis de nombreuses années, avec les neuro-sciences, la biologie, et aussi avec les travaux sur la psycho-énergétique, la psychologie, la sociologie etc…
On parle de psychanalyse humaniste, de psychanalyse intégrative, de psychanalyse active et autres…
Si l’on plonge un peu aux sources de la psychanalyse, on s’aperçoit également que la psychanalyse du temps des fondateurs était déjà un organisme très vivant, doté de nombreuses ramifications, engendrant des courants, des orientations différentes. Les disciples de Freud étaient tous des expérimentateurs, non des copieurs, et ont tous apporté une contribution originale à l’édifice en construction. Freud lui-même était avant tout un chercheur, dont la pensée évoluait en permanence.
La psychanalyse a essaimé dans de nombreux domaines et s’est elle-même enrichie de tous ces apports. Tout en conservant sa spécificité.
La pratique au quotidien dans l’univers psy en général montre que, contrairement à l’idée parfois énoncée par certains contempteurs, la psychanalyse possède une grande capacité d’innovation et est, aujourd’hui, au centre des demandes de thérapies.
Le psychanalyste accueille et recueille par son écoute les dysfonctionnements socio-psychologiques engendrant les souffrances individuelles. Quand les « édifices » sociaux, professionnels, familiaux ou thérapeutiques, ne suffisent plus à contenir l’angoisse, voire la génèrent, le psychanalyste est consulté. Dans le cabinet du psychanalyste, est dit ce qui ne s’énonce nulle part ailleurs, bien souvent. Le cabinet du psychanalyste est donc au cœur des processus de transformation, de renouveau, de remaniement des psychés dans le contexte socio-économique du moment. L’écoute psychanalytique aborde l’authentique. Quand l’individu se réapproprie son histoire, pour vivre selon ses propres choix.
Mais aucune démarche ne supprime totalement la douleur de vivre !
La psychiatrie œuvre en reliant l’écoute et l’aide médicamenteuse. Cette aide est indispensable bien entendu dans les cas de dépressions sévères, de troubles de la santé mentale, très fréquents et stabilisés par ce biais.
La psychologie, telle qu’elle est enseignée à l’université, apporte des connaissances théoriques sur les fonctionnements conscients, avec parfois peu de place accordée aux phénomènes de l’inconscient.
Les thérapies comportementales et cognitives (TCC) mettent l’accent sur la volonté à agir face aux symptômes et prônent l’apprentissage par la répétition de nouveaux comportements.
Les névroses, ou fixations aux conflits psychiques infantiles non résolus, qui se manifestent par des dysfonctionnements divers, tels que: dissociations, auto-destruction, obsessions, tocs, actes compulsifs, troubles du comportement alimentaire (anorexie-boulimie), sentiment de dépersonnalisation, dépression, etc ne trouvent pas toujours de solution d’apaisement avec une seule thérapeutique. Plusieurs « entrées » sont parfois nécessaires. Une fois la partie du fonctionnement pathologique exhumée pour être perlaborée, donc traitée en profondeur, dans une cure de la psyché par la parole, un travail psycho-corporel ou sur les énergies, ou bien une thérapie avec un autre médium que la parole (art-thérapie par exemple) s’avèrent potentiellement intéressants.
Toute personne venant consulter en psychanalyse pour un des ces troubles doit s’apprêter à considérer que son fonctionnement est la solution trouvée dans le passé pour résoudre un conflit intérieur latent indicible et éviter une souffrance pire. De ce fait, le symptôme s’accroche parce que le sujet (son inconscient !) y tient énormément. Il est une partie de lui. Il lui est difficile d’y renoncer. C’est la raison pour laquelle il ne peut être réellement traité que par la voie de la cure analytique. Ce n’est que par la résurgence au conscient du conflit intra-psychique et infantile, origine de la réponse apportée par le biais du symptôme, que le sujet parvient à lâcher celui-ci, sécurisé par le lien transférentiel.
La psychanalyse considère le sujet dans sa globalité et sa diversité, issu d’une histoire et cherchant à se libérer des conditionnements engendrant le mal-être présent. Par la remémoration émotionnelle, vécue, ressentie, des évènements traumatiques ayant conduit à l’instauration du fonctionnement qui ne convient plus, dont on veut se défaire sans y parvenir avec la seule volonté, l’objectif du parcours psychanalytique est de se donner les moyens du changement psychique en profondeur.